Some Velvet Morning ENG
Clément Bédel
Michella Bredahl
Ana Castillo
Tohé Commaret
Anaïs Goupy
Caroline Mesquita
Emma Passera
Curated by Martha Kirszenbaum
Some Velvet Morning is the story of a dream.
At first, a parade comes to life—a joyful procession where miniature, multicolored characters and birds dance, sentinels of life’s various stages. They welcome you, drawing you into a suspended moment, frozen in space and time. Here, metal plates bend and twist under hands, their brass surfaces aged and patinated by time and substances, as if the metallic skin of the sculptures vibrated with human emotions. Imagine: the small figure bears the name of your son, and the bird will eternally watch over your mother’s home.
Then, the summer sky darkens. The metal transforms into broken limbs—a hand, a leg clad in a high heel—emerging amidst shards of shattered mirrors. Between the morbid impulses of an erotic thriller and Victorian neo-Gothic romanticism, here we glimpse the reflection of ourselves—our wounds, our fractures, those adolescent illusions we once believed eternal. But at the heart of this iron tableau, a flower rises—fragile and radiant, white as a promise. Perhaps it is a sign of hope, this luminous ceramic, almost fragrant, inviting us already toward new horizons.
A mirror again, but this one reflects the soul. Over there, colors explode—crimson reds, fir greens, sharp blues—and the sinuous shapes painted in oil on the canvas seem to question the human condition, the transformation of being. An individual stands facing their own decay, an existence in metamorphosis witnessing helplessly the disappearance of its bearings, at the same pace as the habitability of the planet it belongs to collapses. Could the dream be turning into a nightmare?
It is here that your consciousness leads you deeper, descending into an unexplored basement. There, a fantastic creature—a mighty Gorgon—petrifies you with its gaze of holographic eyes, blurring the lines between attraction, illusion, and manipulation. Each eye, projected into space by three-dimensional holographic fans, emits a word or enigmatic phrase—suspended fragments, poetic and ambiguous, floating between incantation and slogan. Their roots intertwine rhetoric of influence, marketing language, cries of protest.
Tender is the night, and here we are buried. A woman twirls, wrapping herself around a silver pole that supports her. She frees herself, provokes, breaks free. Further away, in the darkness at the end of the concrete, a young woman sits motionless and silent in a car, while a male voice pours out a stream of reproaches, evoking a breakup. She repeatedly presses intercoms and doorbells in empty corridors. An impression of a floating, almost unreal reality settles.
The cinematic image flattens, shrinks, imprints onto a lightly perforated fabric, reminiscent of sports jerseys. One can make out urban and pastoral landscapes, a famous actress, the contours of a generational aesthetic and popular culture. Then, farther along, your mother appears, still beautiful and dignified, at the heart of family gatherings and apartment blocks. This assemblage of archives weaves a dreamlike narrative where time flows freely between past and present, between devouring nostalgia and the desire to break familial patterns.
Finally, we pass through the last vaults, where strange Venuses reveal themselves. Idealized female figures, enchanting, imbued with nobility. But beneath this familiar appearance, a sharp critique of contemporary visual standards, shaped and disseminated by social media, softly whispers in our ear:
« Flowers growing on the hill.
Dragonflies and daffodils
Learn from us very much.
Look at us but do not touch
Phaedra is my name. »
Caroline Mesquita (1), Emma Passera (2), Clément Bedel (3), Anaïs Groupy (4), Michella Bredahl (5), Tohé Commaret (6), Ana Castillo (7), Michella Bredahl (8), Anaïs Goupy (9), Lee Hazlewood & Nancy Sinatra, Some Velvet Morning, 1967 (10)
Some Velvet Morning FR
Clément Bédel
Michella Bredahl
Ana Castillo
Tohé Commaret
Anaïs Goupy
Caroline Mesquita
Emma Passera
Curated by Martha Kirszenbaum
Some Velvet Morning est l’histoire d’un rêve.
D’abord, une parade s’anime — une procession joyeuse où dansent personnages et oiseaux bariolés miniatures, sentinelles des âges de la vie. Ils vous accueillent, vous entraînent dans un instant suspendu, figé dans l’espace et le temps. Ici, les plaques de métal ploient et se tordent sous les mains, leur surface de laiton patinée par le temps et les substances, comme si la peau métallique des sculptures vibrait au rythme des émotions humaines. Imaginez : la petite silhouette porte le nom de votre fils, et l’oiseau, lui, veillera pour l’éternité sur la maison de votre mère.
Puis, le ciel d’été s’assombrit. Le métal se mue en membres brisés — une main, une jambe chaussée d’un talon haut — émergeant au milieu d’éclats de miroirs fracassés. Entre pulsions morbides d’un thriller érotique et romantisme néo-gothique victorien, c’est le reflet de soi que l’on devine ici, de nos blessures, de nos fractures, de ces illusions adolescentes qu’on croyait éternelles. Mais au cœur de ce tableau de fer, une fleur s’élève — fragile et éclatante, blanche comme une promesse. Peut-être est-ce là un signe d’espoir, cette céramique lumineuse, presque odorante, qui nous invite déjà à d’autres horizons.
Un miroir, encore, mais celui-ci est celui de l’âme. Là-bas, les couleurs éclatent — rouges carmin, verts sapin, bleus aiguisés — et les formes sinueuses tracées à l’huile sur la toile semblent interroger la condition humaine, la transformation de l’être. Un individu se tient face à sa propre déchéance, une existence en métamorphose qui assiste, impuissante, à la disparition de ses repères, au même rythme que s’effondre l’habitabilité de la planète à laquelle elle appartient. Le rêve ne serait-il pas en train de virer au cauchemar ?
C’est là que la conscience vous entraîne plus profondément, vous fait descendre vers un sous-sol encore inexploré. Là, une créature fantastique — une Gorgone toute-puissante — vous pétrifie de son regard d’yeux holographiques, brouillant les frontières entre attraction, illusion et manipulation. Chaque œil, projeté dans l’espace par des ventilateurs holographiques en trois dimensions, émet un mot ou une phrase énigmatique — fragments suspendus, poétiques et ambigus, flottant entre incantation et slogan. Leurs racines se perdent entre rhétoriques de l’influence, langages du marketing, cris de protestation.
Tendre est la nuit, et nous voilà enfoui·es. Une femme virevolte et s’enroule autour d’une barre argentée qui la soutient. Elle se libère, provoque, s’affranchit. Plus loin, dans l’obscurité au bout du béton, une jeune femme assise dans une voiture reste immobile, silencieuse, tandis qu’une voix masculine déverse un flot de reproches, évoquant une rupture. Elle presse inlassablement les interphones et sonnettes de couloirs vides. Une impression de réalité flottante, presque irréelle, s’installe.
L’image cinématographique s’aplatit, se rétrécit, s’imprime sur un tissu légèrement perforé, évoquant celui des maillots de sport. On devine des paysages urbains et bucoliques, une actrice célèbre, les contours d’une esthétique générationnelle et d’une culture populaire. Puis, plus loin, apparaît votre mère, toujours belle, digne, au cœur des réunions familiales et des barres d’immeubles. Cet assemblage d’archives tisse un récit onirique où le temps s’écoule librement entre passé et présent, entre nostalgie dévorante et désir de briser les schémas familiaux.
Enfin, nous traversons les dernières voûtes, où d’étranges Vénus se dévoilent. Figures féminines idéalisées, envoûtantes, empreintes de noblesse. Mais sous cette apparence familière, une critique aiguisée des standards visuels contemporains, façonnés et diffusés par les réseaux sociaux, murmure à notre oreille avec douceur :
« Flowers growing on the hill.
Dragonflies and daffodils
Learn from us very much.
Look at us but do not touch
Phaedra is my name. »
Caroline Mesquita (1), Emma Passera (2), Clément Bedel (3), Anaïs Groupy (4), Michella Bredahl (5), Tohé Commaret (6), Ana Castillo (7), Michella Bredahl (8), Anaïs Goupy (9), Lee Hazlewood & Nancy Sinatra, Some Velvet Morning, 1967 (10)